Les Journées de la Harpe (Martinique, Guadeloupe, Guyane)
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En 2010, hommage à Ernest LEARDEE (1896-1988)
Compositeur et chef d’orchestre martiniquais
vendredi 8 avril 2011
par webmaster
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Ernest LEARDEE (9 novembre 1896-13 avril 1988)

Compositeur et chef d’orchestre martiniquais, Ernest Léardée, décédé à l’âge de 92 ans, nous a laissé un récit fort détaillé de sa longue vie de musicien.

Né en 1896, dans le quartier populaire des Terres Sainville à Fort de France, Ernest Léardée est le dernier d’une fratrie de cinq enfants, tous de pères différents. Leur mère, Stéphanie Balthazar, avait épousé sur le tard Philippe Léardée, marin devenu gardien de phare. Il reconnaît le petit Ernest et lui donne son nom. L’explosion de la Montagne Pelée en 1902 marque profondément l’enfant. Il perd sa mère peu après, puis son père adoptif en 1905. Orphelin il est élevé par sa sœur Yaya. Commence une existence difficile. Son destin change du jour où il est pris en affection par Marius Collat, menuisier ébéniste et luthier qui l’engage comme apprenti. A 10 ans il abandonne l’école, apprend la menuiserie et aussi la musique. Il fabrique son premier violon et bientôt accompagne son patron dans les bals, les réunions électorales. Sur un coup de tête il quitte Marius Collat pour suivre un cornettiste brésilien dans son orchestre mais il rejoint bientôt son île et a peur d’affronter la colère de Marius Collat. Il trouve un emploi chez un coiffeur, Isambert Veille, demi-frère du clarinettiste Léon Apanon qui l’engage dans son orchestre au dancing de Folies Bergères de Fort de France. Toujours coiffeur, il devient musicien familier des « casinos » de la ville. En 1913 il rachète le fonds de commerce d’Isambert Veille.

En 1919, Alexandre Stellio, compositeur de musiques de films muets, engage Léardée pour l’accompagner au violon. Les deux amis deviennent inséparables. Ils se produisent au Dancing Palace et au Sélect Tango. En 1924, Léardée épouse Angèle Luiza Marondaye, déjà mère de leur enfant de 14 mois.

En Martinique parvient la rumeur de l’Exposition Coloniale qui se prépare à Paris. Les deux amis s’associent avec le batteur et chanteur Crémas Orphelien, le pianiste et violoniste Victor Collat, le tromboniste guyanais Archange St-Hilaire. Léardée engage son salon de coiffure et les 5 musiciens quittent la Martinique. A Paris ils sont accueillis par Blérald et Laviolette.

Le 11 mai 1929 le « Stello’s Band » inaugure le Bal de la Glacière. Le succès est immédiat. L’orchestre en juillet joue au « Canari » puis au « Rocher de Cancale » (quai de Bercy). Pas question d’un retour en Martinique. Ils font venir leurs épouses. L’orchestre grave ses premiers disques chez Odéon mais un différend éclate, répartition des royalties, et l’association est rompue. Léardée quitte Stellio .Il forme un nouvel orchestre pour le Bal nègre rue Blomey, succédant au pianiste martiniquais Jean Rézard de Wouves qui avait créé ce bal en 1924. Léardée grave chez Francis Salabert les premiers disques à son nom et publie un recueil de la biguine créole. Il délaisse le violon pour la clarinette et le saxo ténor. Pendant l’exposition Coloniale, le « Bal de la rue Blomet » est une curiosité de la capitale. En l931 Léardée ouvre son propre cabaret « L’Elan Noir ». De 33 à 34 on le retrouve à « la Nuit cubaine », au « Villon Holahée », au « Mirage, », au dancing du « Chalet du Lac (St-Mandé).

Lors d’une tournée, harcèlement raciste, les musiciens s’enfuient, annexion de l’Autriche par les forces nazies, arrestation, libération. Enfin en 1938 Léardée se produit à Paris à « La Féria », à La Baule. Puis il se consacre à la direction d’orchestre, Concert à Lille, avec le jeune pianiste, Jacques Dréval, plus tard célébrité du jazz. Pendant l’occupation, Léardée demeure dans l’Yonne (reprend la coiffure) puis s’installe à Fontenay-sous-Bois et replonge dans la musique avec les guitaristes Pierre Louiss et Valentin Gérion. Il est saxophoniste au « Potomac ». Anime les bals de la guinguette chez « Maxo » à Joinville-le Pont. Se produit au « Sérail », « La Canne à Sucre », « La Boule blanche ». De 48 à 52, maintes activités. Il entre à la SACEM comme compositeur, participe à des émissions radio « Rythmes et charmes des Antilles ». Succès des émissions : enregistrement avec Gilles Salaa chez Ducretet-Thomson et avec André Salvador chez Festival et Saturne. Gravure de trois disques de biguine pour Eddie Barclay, Comme auteur de la SACEM, il a l’émission « Visages au soleil ». Activités dans diverses directions : Cercle de la France d’Outre Mer, galas, enregistrements. Inscrit comme éditeur professionnel à la SACEM, il ouvre sa maison d’édition « les Rythmes Nouveaux ». En juin 55 il participe aux Tuileries à la 8ème Kermesse aux Etoiles, présidée par la Maréchale Leclerc de Hauteclocque. De 61 à 66 il est directeur du casino de Saint-Pair-sur-Mer. Léardée a 70 ans mais il reprend la gérance de chez « Grosnier » à La Varenne rebaptisée « Léardée dancing club ». Enfin en 1966, il retourne passer trois semaines dans sa Martinique natale. De 1966 à 1970, encore des doublages de films, bals, soirées, avec la chanteuse Téty Silva, le chanteur Christian Juin. Il songe à la retraite. Après une prestation réussie où il est l’interprète de la publicité télévisée pour le « riz Oncle Ben’s » il tombe peu à peu dans l’oubli. Un documentaire sur sa vie est tourné pour la télévision en 1987 (le Roman de la biguine) à son domicile de Fontenay sous- Bois. Ernest Léardée meurt d’un cancer le 13 avril 1988.

 
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Ernest Léardée
  • Titre : Ernest Léardée
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